2. Blessures et morts réalistes

Photo extraite du premier film de la saga : La Planète des Singes. On voit ici Stewart, morte.
Photo extraite du premier film de la saga : La Planète des Singes. On voit ici Stewart, morte.

Au cinéma et plus particulièrement dans les films d'action ou policiers, nombreuses sont les morts et les blessures. La plupart des films de ces deux genres se veulent sérieux, elles doivent donc paraître réalistes. Mais pour qu'elles le soient, il faut connaître leurs aspects et leurs conséquences dans la vie réelle.


Maquillage de blessure par balle réalisé sur Emma Ferrand
Maquillage de blessure par balle réalisé sur Emma Ferrand

Mort par balle :

 

Une balle est définie par son calibre (sa taille), plus celui-ci sera grand, plus il risque de faire des dégâts sur l'individu. En outre, l'impact provoqué par une balle dépend de l'arme à feu utilisée et de sa puissance. Une blessure par balle ne cause pas forcement la mort immédiate de l'individu : en effet cela dépend fortement de l'endroit touché par la balle. Si celle-ci atteint le cerveau, la perte de conscience est quasi instantanée et la mort est rapide : deux-trois minutes. Si c'est l'artère fémorale qui est touchée, le décès survient très rapidement car elle très difficilement garrotable. On se vide alors de son sang et on meurt rapidement si la prise en charge n'est pas immédiate. On peut aussi perdre une très grande quantité de sang si la zone abdominale et donc le système digestif (foie, rate) est touchée et là encore, la mort survient promptement.

Finalement les blessures par balle ne causent pas dans tous les cas la mort immédiate de la personne touchée mais si elles ne sont pas très rapidement soignées, elles peuvent provoquer la mort après quelques jours car la blessure peut s'infecter.

 

Pour simuler une blessure par balle, il suffit juste de faire l'impact : en effet, ces blessures paraissent presque "propres" de l’extérieur car il n'y a qu'un trou bien qu'un peu plus grand que le diamètre de la balle car cette dernière tourne sur elle-même et agrandit alors l'impact. Mais c'est à l’intérieur du corps que les dégâts sont importants. Si un os est touché par une balle, il explosera alors, et tous les petits bouts seront projetés très violemment et auront l'effet de plein d'autres petites balles. Nous ne pouvons cependant pas calculer la vitesse de projection de tous les éclats de balle et d'os :  le calcul dépendrait de trop de paramètres.

On peut cependant comparer la force de l'impact de la balle sur un os à un corps qui tombe de haut sur le sol. La formule qui permet de calculer la force cinétique est Ec=1/2m.v^2.

On ne peut d'ailleurs pas non plus  prévoir la trajectoire d'une balle après qu'elle a touché un os, cela dépend de son inclinaison et de sa forme. On a d'ailleurs un exemple assez étonnant de la trajectoire d'une balle : celle qui tua Kennedy et blessa Connaly le 23 novembre 1963 à Dallas.

 

On voit sur la photo du véritable impact qu'une blessure par balle est profonde car le sang paraît très foncé par rapport à celui autour de la blessure. Quand nous avons tenté de refaire une blessure par balle nous avons essayé de reproduire cette profondeur grâce à des fards foncés. On remarque aussi que la peau autour du trou ressort un peu et donne du relief à la blessure. Nous avons, pour reproduire cet effet, utilisé un substitut du latex liquide (voir Compte-rendu TP latex liquide) que nous avons appliqué comme une seconde peau, nous avons ensuite fait un trou de la taille de l'impact de la balle et maquillé la blessure. Une fois les couleurs appliquées nous avons rajouté du faux sang que nous avions aussi fabriqué.

 

Vrai impact de balle
Vrai impact de balle
Schéma de la trajectoire étonnante dela balle qui toucha Kennedy à Dallas, le 22 novembre 1963.
Schéma de la trajectoire étonnante dela balle qui toucha Kennedy à Dallas, le 22 novembre 1963.


Maquillage imitant trois griffures sur l'avant-bras réalisé sur Luce Breuil
Maquillage imitant trois griffures sur l'avant-bras réalisé sur Luce Breuil

Mort par blessures à l'arme blanche :

 

Grâce aux blessures présentes sur le corps de la victime, la médecine légale peut déterminer comment s'est passé le meurtre. En effet, il existe aujourd'hui des scanners qui permettent de reconstituer les blessures en 3D : cela permet de déterminer la profondeur des blessures et d'en déduire les mouvements du meurtrier.

Pour analyser une blessure par arme blanche, il faut observer plusieurs choses : l'endroit touché, la longueur de la blessure et sa profondeur. Si l'arme blanche atteint le cœur, les principales artères, les poumons, le foie, le cou ou certaines zones du cerveau la mort est presque immédiate (l'atteinte des poumons et du cou entraîne l’asphyxie de la victime). Si elle atteint une autre zone du corps, l'individu peut mourir soit quelques minutes plus tard, à cause d'une hémorragie, soit quelques jours plus tard à cause d'une infection.

Dans un film policier, si on veut donner l'impression qu'un personnage a été blessé par arme blanche, il faut alors à l'aide de latex liquide ou de cire wax, créer une nouvelle couche de peau que  l'on va sectionner selon le rendu voulu. Il n'y aura ensuite qu'à maquiller la blessure en n'oubliant pas, si on la veut profonde, de mettre du marron ou même du noir pour donner une impression de profondeur. Nous avons d'ailleurs tenté de faire une fausse blessure de ce type en utilisant un substitut du latex liquide que nous avons nous même fait ainsi que du faux sang que nous avons également réalisé.

Photo d'un maquillage réaliste d'une coupure au visage réalisé par l'école de maquillage ITM
Photo d'un maquillage réaliste d'une coupure au visage réalisé par l'école de maquillage ITM
Fausse Blessure par arme blanche vue sur le côté : on voit que le faux latex liquide permet de créer une seconde peau que l'on peut vraiment couper
Fausse Blessure par arme blanche vue sur le côté : on voit que le faux latex liquide permet de créer une seconde peau que l'on peut vraiment couper

La photo ci-dessus représente un maquillage que nous avons réalisé. Les coupures faites dans la "seconde peau" (faux latex liquide) ont été réalisées grâce à la pointe d'un couteau. Nous avons voulu imiter la griffure d'un animal sauvage.



Maquillage d'un étranglement au cou réalisé sur Emma Ferrand
Maquillage d'un étranglement au cou réalisé sur Emma Ferrand

Mort par strangulation :

 

Il y a deux types de morts par strangulation : celles où il n'y pas eu de chute (étranglement ou pendaison "ratée"), les cervicales ne sont donc pas rompues et la mort y est plus lente puisqu'elle se fait par asphyxie, il y a alors l'inhibition neuronale (mécanisme qui diminue l'activité des neurones) jusqu'à l'arrêt de la circulation cérébrale et la mort de l'individu.

Il y a ensuite la mort par strangulation avec chute (comme pour les pendaisons par exemple), la chute assez violente entraîne la rupture des cervicale et la mort est instantanée. Une strangulation entraîne des marques sur le visage comme ecchymoses ou des hémorragies pétéchiales.

Si on veut réaliser ce genre de mort, il faut faire des traces violettes et rouges au niveau de l'endroit où la personne a été étranglée. De plus, pour plus de réalisme on peut essayer de faire comme s'il y avait des taches rouges au niveau du blanc de l’œil dues, dans la réalité, à la rupture des capillaires sur pressurisés.

Petechiae localisé dans la muqueuse de l'oeil
Petechiae localisé dans la muqueuse de l'oeil

Nous avons tenté de réaliser un maquillage de strangulation : ce type de maquillage est celui qui requiert le moins de matériel puisqu'il n'y a pas de blessure. Il faut cependant respecter la mort fictive du personnage. S'il a été étranglé avec des mains, il faut dessiner la trace des doigts sur le cou. Mais si la personne a été pendue, il faut dessiner la trace de la corde sur le cou. Il ne faut ensuite pas oublier toutes les marques qu’entraîne la strangulation : bleu, hémorragie à divers endroits ou des saignements de nez.



Il existe bien sûr beaucoup d'autres types de morts comme celle par asphyxie par gaz ou celle liée à une explosion, mais celles-ci sont moins présentes au cinéma.

Nous avons donc vu précédemment que pour simuler des morts réalistes il faut tout de même les avoir étudiées un peu : il y a parfois des choses qui se passent à l’intérieur de notre corps et que l'on ne voit pas. Cependant, une mort irréaliste peut apporter du comique au film comme par exemple pour le film turc Radical Ending 2 (le cri a cependant été rajouté par des internautes).

Sources :

http://lecalibre22lrpourtous.unblog.fr/2014/04/27/les-traumatismes-balistiques/

https://www.youtube.com/watch?v=lCm74dnwujk