2. L'incrustation d'image

Pour réaliser une incrustation d'image, il faut utiliser un fond d'une couleur primaire de la lumière. Les trois couleurs primaires, c'est-à-dire les couleurs à la base de toutes les autres couleurs sont le rouge, le bleu et le vert. Superposées, les trois couleurs primaires forment du blanc. Le rouge n'est pas exploité car on le retrouve dans la pigmentation de la peau humaine. Au contraire le bleu et le vert, associés, forment du cyan qui est la couleur complémentaire du rose de la peau. On préfère donc utiliser ces deux dernières qui évitent à l'acteur par exemple de disparaître lors du masquage, c'est-à-dire lors du remplacement du fond par un décor.

Le bleu est apprécié dans le cinéma utilisant des caméras à pellicule. En effet, la couche d'émulsion sensible au bleu de la pellicule possède beaucoup plus de cristaux que les autres couches et permet donc de capturer plus de détails pour moins de grains. Le contraste de chrominance est alors optimal mais nécessite toutefois un très fort éclairage. 

Les films utilisant des caméras numériques comme La Planète des Singes nécessitent plutôt un fond vert. Il est en effet préférable d'utiliser le vert car il s'agit de la couleur primaire la plus lumineuse en vidéo et les capteurs des caméras y sont plus sensibles. En effet, la matrice de Bayer placée dans la caméra possède plus de pixels pour le canal vert (50% de vert contre 25% de rouge et 25% de bleu). Le contraste de luminance est donc meilleur. De plus, La Planète des Singes est un film tourné majoritairement en extérieur. Le vert permet donc de conserver le ciel bleu dans le cadre.

La technique d'incrustation, également appelée masquage, est la même qu'elle soit appliquée à une pellicule ou bien utilisée sur un logiciel. De nos jours, les films étant tournés avec des caméras numériques, les fonds utilisés sont généralement de couleur verte. Le principe du masquage est de remplacer le fond vert par n'importe quel autre décor. Tout d'abord, il faut filmer séparément l'acteur devant un fond vert et le décor que l'on voudra insérer. Puis, on transforme le fond vert en un masque noir afin d'obtenir la silhouette de l'acteur en transparent sur le noir. On fait ensuite l'inverse pour avoir la silhouette de l'acteur noire devant un fond transparent: il s'agit de la méthode du cache/contre-cache. Le premier masque créé est alors appliqué à l'acteur (personne devant un fond noir) et le deuxième masque dit complémentaire est posé sur le décor (personne noire devant le décor). Les images, une fois masquées, sont superposées pour former le résultat final: un acteur devant un décor. 

Dans La Planète des Singes, le masquage se fait à l'aide d'un logiciel vidéo qui permet d'obtenir un résultat rapide et de bonne qualité. Pour cela, le logiciel attribue des valeurs aux différents signaux de couleurs afin de créer les masques. Le vert et le bleu ont une valeur de 1 (qui peut correspondre à du noir ou du blanc selon l'élément que l'on veut incruster). Le reste varie entre 1 et 0. On obtient donc une échelle de gris qui permet de récupérer des ombres. Le noir seulement sera incrusté.

Une incrustation réussie est complexe à réaliser. Le fond doit être d'une couleur parfaitement uniforme et "pure", c'est-à-dire que le vert choisi doit diffuser le moins de bleu et de rouge possible lorsque qu'il est éclairé. En effet, chaque couleur est un mélange des couleurs primaires. Il faudrait donc utilisé le vert primaire, ici le vert n°5, pour avoir des valeurs de rouge et de bleu nulles ainsi qu'une valeur de vert élevée. 

De plus, l'éclairage à un rôle très important. Il faut en effet éviter au maximum les ombres sur le fond vert car elles peuvent gêner le masquage. L'éclairage en trois points et donc souvent préféré. Une lumière principale éclaire l'acteur, une lumière secondaire dite de remplissage est positionnée en parallèle de la lumière principale pour limiter les ombres noires et enfin, une lumière contre-jour placée derrière l'acteur et orientée dans sa direction pour le détacher du fond. Le film La Planète des Singes étant filmé le plus souvent en extérieur, l'éclairage est naturel. On ne peut donc pas maîtriser les ombres. Les monteurs doivent alors corriger lors du montage les ombres indésirables, les contours, les couleurs, et les "apparitions fantomatiques", c'est-à-dire une transparence indésirable, s'il y en a.